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Jimmy Carter s’attaque à la pauvreté

De gauche à droite : Le Président de la Banque mondiale, M. Wolfensohn, le Président du Mali, M. Konaré, l’ancien Président des États-Unis, J. Carter, le Président du Mozambique, M. Chissano, le Président de la Guyane, M. Jagdeo et l’ancien Secrétaire américain du Trésor, M. Rubin.

Des leaders mondiaux se sont réunis les 21 et 22 février à l’occasion d’un Forum sur la coopération et le développement de haut niveau, qui s’est tenu à Atlanta (Géorgie). Le Forum était parrainé par le Centre Carter, une organisation non gouvernementale, et présidé par l’ancien Président Jimmy Carter ainsi que par l’ancien Secrétaire américain du Trésor, Robert Rubin. Parmi les autres personnalités figuraient le Président de la Banque mondiale, James Wolfensohn, l’Administrateur du Programme des Nations Unies, Mark Malloch Brown, les Présidents de la Guyane, du Mali et de la Mozambique, des intellectuels spécialisés dans le développement ainsi que des experts issus des pays riches comme des pays pauvres.

Lors du Forum, les dirigeants et les représentants des pays en développement et des organisations internationales pour le développement ont dénoncé le manque de progrès dans la réalisation des Objectifs du Développement du Millénaire visant à réduire la pauvreté. La plupart des participants ont fait remarquer qu’il y avait un manque de volonté politique de la part des pays riches à aider leurs voisins pauvres alors qu’un milliard de personnes vivaient dans une misère extrême. Mais les acteurs du Centre Carter se sont sentis investis d’une mission et étaient déterminés à trouver une solution par le biais de la Conférence internationale sur le financement du développement, en mars à Monterrey (Mexique) ou par le biais du Sommet mondial du développement mondial de Johannesburg, qui doit avoir lieu à la fin août et au début du mois de septembre.

Les huit Objectifs du Développement du Millénaire (voir Chronique ONU n° 4, 1999) visent à réduire de moitié, d’ici 2015, la pauvreté extrême et à améliorer l’éducation, la santé et la préservation de l’environnement. Ils ont été approuvés lors de l’Assemblée générale du Millénaire, qui a eu lieu en septembre 2000 à New York, par les 189 États Membres. Pourtant, deux ans après, il est devenu clair que le Forum avait à jouer un rôle catalyseur dans les rassemblements de Monterrey et de Johannesburg. Les contraintes qui pèsent sur l’amélioration de la coopération en faveur du développement demeurent - elles sont le résultat du manque de ressources adéquates et de partenariats efficaces, du lent apprentissage de la bonne gouvernance, du chevauchement compliqué des efforts, des effets dévastateurs de la pandémie du VIH/sida et des conflits insolubles, liste à laquelle il faut maintenant ajouter la menace croissante du terrorisme.

Se fondant sur les rapports récents des diverses organisations de l’ONU, indiquant qu’il était improbable que les Objectifs du Développement du Millénaire soient atteints si ces contraintes n’étaient pas examinées avec détermination et honnêteté, le Président Carter a exhorté les participants « à ne pas perdre plus de temps à polémiquer et à mettre en pratique un plan où les ressources seront totalement consacrées à la réduction de la pauvreté ». Il a également précisé que le consensus des nations sur la manière de lutter contre la pauvreté mondiale « n’a jamais été aussi fort qu’aujourd’hui ».

Fondé en 1982 par Jimmy et Rosalyn Carter avec la participation d’Emory University, le Centre Carter a pour objectif principal de créer un monde où « chaque homme, chaque femme et chaque enfant sont en mesure de jouir d’une bonne santé et de vivre dans la paix ». Les activités du Centre sont axées sur la prévention et la résolution des conflits, le renforcement de la liberté et de la démocratie ainsi que sur l’amélioration de la santé.

Lors du Forum, les participants ont discuté de l’interdépendance croissante des pays développés et des pays sous-développés dans une économie mondiale. Beaucoup ont estimé que les pays les plus riches devaient engager des ressources financières plus importantes par le biais de l’aide et de l’allégement de la dette et fournir un meilleur accès aux marchés. Pour leur part, les pays sous-développés ont reconnu la nécessité de prendre des mesures drastiques afin de réduire la corruption et d’utiliser l’aide plus efficacement.

« Je pense qu’il est dans notre intérêt d’augmenter l’aide au développement », a affirmé M. Rubin, qui présidait la conférence avec le Président J. Carter. « La pauvreté peut engendrer le désespoir, le ressentiment et la colère qui, à leur tour, peuvent entraîner l’instabilité et même le terrorisme. » La pauvreté est une menace. Il faudrait une instance parallèle où les individus et les entreprises auraient pour mission de sensibiliser le public sur l’importance de l’aide au développement. Mais les responsables publics, a-t-il ajouté, sont sensibles à leur propre auditoire et il est rare que les représentants élus considèrent une telle initiative comme « un avantage politique ».

Le Président Joaquim Alberto Chissano (Mozambique) a dit que, tandis que les pays pauvres « avaient la responsabilité d’amener leurs pays à une situation normale où les ressources sont efficaces et utilisées à bon escient, les crédits remboursés et la dépendance à l’aide réduite, le volume des ressources nécessaires pour mettre en œuvre les programmes et les actions prioritaires » étaient à court et à moyen terme « au-delà des possibilités réelles de la mobilisation des sources intérieures ».

L’Initiative du développement mondial lancée par le Center Carter, qui dirigeait le Forum, continuera à étudier ces questions et à travailler avec ses quatre partenaires, l’Albanie, la Guyane, le Mali et le Mozambique, afin d’élaborer des stratégies de développement national complètes.

Elles sont destinées à « promouvoir la démocratie et à faire respecter les droits de l’homme en renforçant les institutions démocratiques et en encourageant une culture plus participative, plus coopérative et plus démocratique. Lorsque les citoyens participent à la formulation de ces stratégies, ils se sentent davantage responsables et ont un sentiment de légitimité plus fort vis-à-vis des institutions démocratiques », a expliqué Jimmy Carter.

Sur invitation d’un gouvernement, les représentants de la société civile, les chefs d’entreprises et les représentants des organisations non gouvernementales se réunissent pour contribuer à l’élaboration d’une stratégie de développement nationale. Une telle collaboration est censée engendrer des politiques de développement plus efficaces et plus appropriées car elles sont fondées sur le savoir et l’expérience ce ceux qui sont les plus affectés par les problèmes du développement.

Le Centre Carter est opérationnel en Guyane depuis plus d’une décennie. Il a surveillé les élections de 1992, apporté son appui au pays dans l’élaboration d’une stratégie de développement nationale et a renforcé la primauté du droit et la société civile. En 2001, il a envoyé une délégation composée de 44 personnes venant de 10 pays afin d’observer l’élection présidentielle du 19 mars. Elle était dirigée par l’ancien Président Jimmy Carter, Rosalynn Carter et l’ancien Premier ministre Sir Lloyd Erskine Sandiford (Barbades). Le Président Bharrat Jagdeo (Guyane) a déclaré que, malgré les efforts importants menés dans son pays et le soutien à long terme fourni par le Centre, « une intervention durable » était nécessaire mis à part la réduction de la dette et du déficit des paiements.

Le Président Alpha Oumar Konare (Mali) a loué l’Initiative du développement mondial tout en précisant que les indicateurs économiques et sociaux de son pays restaient « inacceptables », malgré les programmes et le développement économiques. De fait, la pauvreté a augmenté, même si son taux de croissance a diminué. De plus en plus de pays se trouvent dans cette position, a-t-il dit, ce qui représente « une menace pour la paix et la stabilité », par exemple, au Mali. En Afrique, deux tiers de la population vivent dans des zones rurales. Pourtant, il y a eu une réduction considérable de l’aide dans ce secteur, tant de la part des partenaires bilatéraux que des partenaires multilatéraux, a-t-il constaté avec amertume. « Nous devons gagner la bataille dans les zones rurales », a-t-il ajouté.

D’autres experts invités au Centre étaient également convaincus de la nécessité de modifier les règles mondiales. Nancy Birdsall, Présidente du Centre pour le développement mondial, a fait valoir qu’un « contrat social » était nécessaire, ajoutant qu’il était possible d’engager des investissements importants en faveur des pauvres et de veiller à ce que les règles mondiales, les régimes commerciaux, les investissements étrangers, les droits de la propriété et la migration soient plus équitables tant pour les pauvres que pour les riches. »

Pour Jimmy Carter, le Forum a permis de mettre en évidence « la nécessité de mener une campagne continue pour élargir le soutien, particulièrement aux États-Unis, à la lutte contre la pauvreté dans le monde ». Il souhaite organiser régulièrement des réunions avec l’Albanie, la Guyane, le Mali et le Mozambique, ainsi qu’avec d’autres pays partenaires afin dée sur les travaux du Centre.




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