Dans cet entretien, Anastasia Carayanides, cheffe de la Section de la politique intergouvernementale du Bureau de coordination des affaires humanitaires (OCHA), explique pourquoi l’ECOSOC cette année s’est tenu à un moment critique, au milieu de conflits et de divisions.

Pour quoi l’ECOSOC est-il si important pour OCHA ?

Le segment des affaires humanitaires de l'ECOSOC est le seul organe officiel des Nations Unies qui fournit une plateforme permettant à l'ensemble du système humanitaire de se réunir pour écouter, apprendre les uns des autres et, plus important encore, présenter aux États Membres les problèmes, le plaidoyer et les principales demandes à résoudre pour améliorer la vie des personnes touchées par des crises humanitaires et être plus responsables envers elles.

Cela ne signifie pas seulement l'ONU, mais aussi nos ONG partenaires et les acteurs locaux – en particulier les organisations dirigées par des femmes – qui sont à l'avant-garde de la réponse humanitaire.

Cela reflète l’essence même de l’existence d’OCHA.

N’oublions pas qu’OCHA a été créé par une résolution [en anglais] visant à répondre au besoin d’un leadership et d’une coordination plus forts en réponse aux crises humanitaires.

Quels étaient les grands thèmes, cette année ?

L'accent principal était mis sur le respect du droit international humanitaire et sur la manière d'inverser son érosion dans un contexte de conflits brutaux qui continuent de mettre la vie des civils en danger, qui sont marqués par des attaques impitoyables contre les infrastructures civiles essentielles à la survie et au rétablissement des populations, qui entravent l'accès et montrent peu de respect pour le droit international humanitaire et la vie des travailleurs humanitaires en première ligne.

La résolution de l’ECOSOC négociée en parallèle s’est également fortement concentrée sur ces questions – avec des résultats solides sur la fin de l’impunité et la responsabilisation des auteurs de crimes.

Ce que j’ai trouvé profondément inspirant, c’est que cette année, chaque thème, chaque événement et chaque discussion avaient un dénominateur commun : l’action humanitaire reflète les valeurs de l’ONU et de l’humanité, et nous devons faire tout notre possible pour protéger cet espace.

Qu’est-ce qui continue de vous motiver ?

Ma motivation vient du changement qui, selon moi, est possible, aussi lent soit-il.

Cela implique de tenir les États Membres responsables du respect des normes les plus fondamentales en matière d’action humanitaire. Parce qu’en fin de compte, en l’absence de ces normes, on sombre dans l’abus de pouvoir.

A terme, nous avons un objectif principal : nous voulons que les délégations qui participent à nos événements puissent rentrer dans leurs capitales en sachant davantage sur les enjeux, afin de pouvoir plaider en faveur de l'action humanitaire.

Nous faisons cela pour l’ensemble du système car après tout, l’ECOSOC est une plateforme qui rassemble toutes ces personnes extraordinaires qui travaillent sur le terrain, et nous parlons d’une seule voix.