La Tunisie

Allocution 

De

Zine El Abidine Ben Ali
Président de la République Tunisienne

Prononcée en son nom par

M. Mohamed Ghannouchi
Premier Ministre

Conférence internationale sur le Financement du Développment

Monterrey, Mexico
le 21 mars 2002




Au Nom de Dieu, le Clément, le Miséricordieux

Excellence Monsieur le Président Vicente Fox Quesada, Président de la Conférence,
Excellences, Monsieur Kofi Annan, Secrétaire Général des Nations Unies, 
Messieurs les Chefs de délégations, Mesdames, Messieurs,

Il nous plaît d'exprimer, tout d'abord, nos plus vifs remerciements et notre haute considération à Son Excellence le Président Vicente Fox Quesada ainsi qu'au peuple mexicain ami, et de leur rendre hommage pour l'excellente organisation des travaux de ce Sommet. Nous saluons également les démarches qui ont été entreprises par les Etats membres de l'ONU en vue de l'élaboration du document de la Conférence. Nous adressons aussi à Monsieur Kofi Annan, Secrétaire Général des Nations Unies, nos remerciements pour les efforts louables qu'il déploie à la tête de notre prestigieuse Organisation.

Notre voeu est que les travaux de cette conférence soient couronnés par des décisions pratiques contribuant à la concrétisation des aspirations de l'humanité au progrès et au bienêtre, dans un climat de coexistence, de coopération et de solidarité.

La Tunisie est consciente de l'importance qu'il y a à mobiliser les ressources nationales et à renforcer l'investissement extérieur pour le développement de l'économie et la réalisation de la prospérité, ainsi que de l'impératif, que cela implique, de procéder à une réforme fondamentale et intégrale au niveau national et d'instaurer un partenariat réel aux niveaux régional et international.

Notre pays s'est engagé dans la libéralisation économique, étant convaincu qu'elle constitue un facteur essentiel de réussite du développement, compte tenu surtout des équilibres sociaux et de la protection des catégories sociales vulnérables contre les risques de marginalisation et d'exclusion. Nous avons, ainsi, encouragé la libre entreprise dans tous les secteurs de production et mis en place un ensemble de législations qui ont touché les différentes structures de l'économie, y compris la réforme de la fiscalité, le renforcement de l'appareil monétaire et financier et la mise à niveau des entreprises publiques opérant dans le secteur compétitif.

Nous avons également oeuvré en vue d'encourager l'investissement, en instituant des facilités et des incitations multiples, dans le cadre d'un code unifié de l'investissement. Nous avons, en outre, mis en place un cadre juridique pour les zones franches et consolidé le partenariat avec tous les pays. 

L'importance que nous attachons à l'établissement de relations de partenariat équilibrées, au niveau international, procède de notre souci de répondre aux exigences de la coopération avec les ensembles régionaux, devenus une caractéristique de notre monde contemporain, et de conforter les attributs d'une vie digne, pour tous les pays et tous les peuples, dans le cadre d'une approche globale fondée sur l'interdépendance étroite des impératifs de sécurité, de paix et de développement.

Le débat qui s'est instauré à ce sujet, lors de la dernière session du Forum économique mondial de Davos à New York, a confirmé la conscience prise par toutes les parties, y compris par le secteur des affaires, de l'importance de la coopération au service du développement. C'est que la paix et la sécurité ne sauraient être instaurées dans le monde, sans l'élimination de toutes les formes de pauvreté, de marginalisation et d'exclusion. 

Prenant appui, dans ce domaine, sur la réussite de notre expérience dans la réduction du taux de pauvreté au niveau le plus bas, grâce aux interventions du Fonds de Solidarité Nationale, nous avons appelé à la création d'un Fonds Mondial de Solidarité qui aiderait à combattre la pauvreté et à impulser le développement social dans les pays les moins nantis. Tout en prenant acte, avec satisfaction, de l'adoption de cette initiative par l'Assemblée Générale des Nations Unies, nous formons l'espoir que les mécanismes appropriés seront mis en oeuvre en vue de concrétiser ce Fonds dans les plus brefs délais, en harmonie avec la Déclaration du Sommet du Millénaire pour l'éradication de la pauvreté dans le monde.

Monsieur le Président,
Nous sommes convaincus, face à l'écart numérique croissant entre pays industrialisés et pays en développement, de la nécessité de prendre les mesures pratiques qui s'imposent pour permettre à tous les Etats de se mettre au diapason des progrès technologiques et de tirer profit des larges perspectives ouvertes par la révolution informatique et les mutations économiques de plus en plus rapides.

C'est dans ce contexte que se situe l'initiative que la Tunisie a présentée lors de la réunion de l'Union Internationale des Télécommunications à Minneapolis, en vue de la tenue d'un Sommet international sur le thème de "la société du savoir". A cet égard, nous exprimons notre profonde considération à toutes les parties qui ont collaboré avec nous en vue de la tenue de ce Sommet à Tunis, en 2005.

Nous invitons, par la même occasion, les pays industrialisés à promouvoir davantage la coopération avec les pays en développement, dans les domaines commercial et financier et dans les secteurs en relation avec l'environnement, et à mettre en application ce qui a été convenu à ce sujet, à la Conférence de l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC), tenue à Doha. 

Monsieur le Président,
La décision des pays donateurs de porter à 0,7% du PNB, le volume de l'aide publique au développement, demeure difficile à réaliser. D'où la nécessité d'une action commune pour atteindre les objectifs visés, faciliter les conditions d'octroi de l'aide, consacrer la solidarité internationale et instaurer un partenariat réel entre pays donateurs et pays bénéficiaires. L'expérience de ces dernières années a montré l'efficacité de la complémentarité entre l'aide publique au développement et la promotion de relations commerciales constructives, conformément aux principes de l'OMC, y compris les principes du traitement préférentiel au profit des pays en développement.

La Tunisie a également mis en garde contre les risques qui peuvent découler de la persistance et de l'amplification de la pression exercée par la dette extérieure sur l'économie des pays en développement. Elle l'avait fait à travers l'appel lancé au "Groupe des Huit", lors de son Sommet tenu à Toronto, en 1989. Elle a poursuivi ses efforts dans le même sens, au cours des réunions ultérieures, dont la dernière en date a été le Sommet du Sud, tenu à La Havane et qui a adressé un message, à cet effet, au Sommet d'Okinawa. Nous exprimons, en cette circonstance, notre considération aux Etats qui ont effacé totalement ou partiellement les créances qui leur sont dues par les pays les moins avancés, et nous exhortons les autres Etats industrialisés à suivre leur exemple. Nous appelons, par ailleurs, à prendre en considération les spécificités des pays débiteurs, dans le traitement du problème de la dette. En effet, il n'y a pas de justification à l'exclusion des pays à revenu moyen du bénéfice de facilités appropriées, après les efforts considérables qu'ils ont consentis en vue d'introduire des ajustements structurels dans
leurs économies et d'honorer leurs engagements, en comptant essentiellement sur leurs capacités propres.

Tout en soulignant la nécessité de renforcer l'harmonisation des politiques commerciales, financières et monétaires dans le monde, et d'intensifier la coopération entre les diverses institutions et organisations internationales spécialisées, nous préconisons que l'Organisation des Nations Unies demeure le cadre approprié pour la réalisation de ces objectifs. Pour ce faire, l'ONU est appelée à promouvoir son action dans le domaine économique et à rationaliser la coordination avec les institutions onusiennes et internationales spécialisées, en vue d'assurer une meilleure interdépendance des questions ayant trait à la sécurité, à la paix et au développement. Telle est, en fait, la démarche que la Tunisie a préconisée lorsqu'elle a eu à présider le Conseil de Sécurité, durant le mois de février 2001.

Monsieur le Président, Excellences, Mesdames et Messieurs,
La conjoncture économique mondiale actuelle commande à tous les Etats de renforcer leurs relations de coopération et de solidarité, afin d'instaurer un ordre économique juste et équilibré, qui permette de mettre en place un partenariat réel entre pays en développement et pays avancés, et partant de renforcer la sécurité et la stabilité dans le monde.

Nous formons l'espoir que cette conférence internationale marquera un pas en avant effectif dans la construction de relations internationales consacrant ces objectifs et orientations et préparant un avenir meilleur pour l'humanité entière.

Merci de votre attention.



Déclarations faites durant la Conférence
Nouvelles de la Conférence