La croissance économique a besoin de l’emploi des femmes

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La croissance économique a besoin de l’emploi des femmes

Jocelyne Sambira
Afrique Renouveau: 
Awurabena Okrah, CEO and founder of Winglow, a textile and fashion business in Accra, Ghana. Many women are venturing into business. Photo: Panos/Nyani Quarmyne
Photo: Panos/Nyani Quarmyne
Awurabena Okrah, PDG et fondatrice de Winglow, une compagnie de textile et de mode à Accra, Ghana. De nombreuses femmes s’essaient aux affaires. Photo: Panos/Nyani Quarmyne

Dans son appartement de San Francisco Magatte Wade s’apprêtait pour sa journée quand soudain elle un « déclic ». Son coin beauté était rempli de produits biologiques et naturels mais, affirme Mme Wade, elle continuait de préférer les crèmes à base de plantes fabriquées par des herboristes dans son Sénégal natal. C’est de  de là qu’est né Tiossano, une compagnie de produits cosmétiques de luxe. 

Ce n’était pas la première fois que Mme Wade essayait d’introduire des produits indigènes sur le marché américain. Avant de changer de casquette, elle était président-directeur général d’Adina World Beat Beverages, une entreprise de plusieurs millions de dollars qui fabrique des boissons à partir de recettes traditionnelles. L’idée de lancer cette entreprise lui était venue du jus rouge populaire appelé « bissap », obtenu après pressage de la plante hibiscus. Les deux entreprises ont leurs sièges aux États-Unis mais emploient des femmes africaines et ont démontré que les produits « fabriqué en Afrique » pouvaient également s’introduire sur les marchés mondiaux.. 

La magnat du pétrole et milliardaire, Folorunsho Alakija, a elle aussi brisé de nombreux plafonds de verre au Nigéria et à l’étranger et figure sur la liste Forbes 2015 des milliardaires dans le monde. Elle est directrice de Famfa Oil Ltd, une entreprise qu’elle a fondée en 1991 et qui possède des droits de prospection pétrolière et gazière sur le champ pétrolifère lucratif d’Abgami au Nigéria. Tout comme Mme Wade, Mme Alakija a connu son premier grand succès lorsqu’elle a conquis l’industrie de la mode grâce à sa marque haute couture Supreme Stiches, pour laquelle elle utilise des tissus locaux nigérians. 

Mais bien qu’il soit démontré que l’emploi des femmes est un moteur essentiel de la croissance économique et du développement, des disparités subsistent, avec près de la moitié du potentiel productif des femmes dans le monde sous-utilisé ou inutilisé, selon la Banque mondiale. D’après le Président de la Banque, Jim Yong Kim, « Investir dans l’emploi des femmes n’est pas uniquement convenable, mais aussi utile pour les entreprises. »  

D’après une étude financée par l’ONU et appelée Projet du Millénaire, les deux tiers des entrepreneurs indépendants en Afrique subsaharienne et en Asie sont des femmes. L’Occitane en Provence, une entreprise mondiale de fabrication de produits cosmétiques à base d’ingrédients naturels et biologiques emploie plus de 15 000 femmes rurales ainsi que leurs coopératives pour cueillir et transformer les  noix de karité au Burkina Faso depuis plus de 30 ans. Le Programme des Nations Unies pour le développement considère la société comme un parfait exemple de son modèle d’entreprise inclusif.

La Société financière internationale (SFI), membre du Groupe de la Banque mondiale, réalise  également des programmes à travers l’Afrique afin d’aider les femmes à s’implanter dans le secteur privé. C’est ainsi que la SFI a permis aux femmes d’accéder à des postes jadis occupés par des hommes dans des secteurs tels que le secteur minier, en Afrique du Sud et au Ghana.  

Le secteur privé peut également élaborer des politiques égalitaires en milieu professionnel et créer un environnement sûr et ouvert à tous, soutient le Pacte  mondial des Nations Unies qui, en collaboration avec ONU Femmes, a créé un cadre permettant aux entreprises de favoriser l’autonomisation des femmes au travail, au marché et au sein de la communauté. 

Le Fonds monétaire international estime que si la population active féminine était comparable à la population active masculine, la croissance économique pourrait progresser de 5% aux États-Unis et d’un taux allant jusqu’à 34% dans des pays comme l’Égypte.  

En outre, si l’on offre aux femmes des emplois de meilleure qualité, les résultats en matière de développement s’en ressentiront, d’après la SFI, d’autant que les femmes dépensent leurs revenus pour la santé, l’éducation et la nutrition des enfants.

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