Préoccupée par la sécurité des femmes et des filles dans les situations de conflit armé, la Secrétaire d'État des États-Unis, Condoleeza Rice, a déclaré que le viol était un crime impardonnable. Pourtant, partout dans le monde, des femmes et des fillettes sont victimes d'actes de violence délibérés. « Nous affirmons que la violence sexuelle a un impact profond non seulement sur la santé et la sécurité des femmes, mais aussi sur la stabilité économique et sociale de leur nation », a déclaré Mme Rice lors d'un débat thématique du Conseil de sécurité sur les femmes, la paix et la sécurité qu'elle présidait en juin 2008.

Le Secrétaire général Ban Ki-moon et la Secrétaire générale adjointe Asha-Rose Migiro ont également participé au débat, qui réunissait des représentants de plus de 60 États Membres. La résolution, introduite par Mme Rice, prévoyait la mise en place d'un mécanisme visant à mettre les atrocités en évidence. Elle ouvre également la voie pour que le Secrétaire général puisse préparer un plan d'action afin de recueillir des informations sur les actes de violence sexuelle dans les situations de conflit armé et, en retour, présenter périodiquement un rapport au Conseil de sécurité.

La résolution a demandé la mise en place de mesures importantes pour protéger les femmes, notant que le viol et les autres formes de violence sexuelle constituaient un crime de guerre, un crime contre l'humanité ou un acte susceptible de constituer un crime de génocide. Elle a souligné la nécessité d'exclure les crimes de violence sexuelle des clauses d'amnistie dans les processus de résolution des conflits. La résolution demandait également aux États Membres de se conformer aux obligations auxquelles ils sont tenus et de poursuivre les auteurs de ces actes. De plus, elle a exhorté le Secrétaire général et son Envoyé spécial à inviter les femmes à participer aux discussions consacrées à la prévention et à la résolution des conflits ainsi qu'au maintien de la paix et de la sécurité.

Un débat a eu lieu pour savoir si la violence sexuelle était une question de sécurité, plusieurs États Membres contestant la nécessité d'une résolution, a indiqué Mme Rice. « Je suis fière qu'aujourd'hui nous répondions à cette question irrésolue par un "oui" retentissant. Cette organisation mondiale reconnaít aujourd'hui que la violence sexuelle dans les zones de conflit est véritablement une question de sécurité », a-t-elle dit au Conseil. « La violence que subissent les femmes partout dans le monde est une question qui nous préoccupe. [..] En tant que communauté internationale, nous avons la responsabilité de traduire en justice les auteurs de violence sexuelle qui sont représentants d'organisations internationales », a-t-elle ajouté. Citant des cas de violence et d'abus sexuels perpétrés par les soldats de la paix de l'ONU dans plusieurs missions de maintien de la paix dans le monde, Mme Rice a dit que si les auteurs de viol étaient responsables des abus qu'ils commettent, les États Membres étaient aussi responsables de la discipline de leurs soldats et devaient rendre compte de leurs actes.

S'adressant au Conseil, le Secrétaire général Ban Ki-moon a dit que « les Nations Unies et moi-même sommes profondément déterminés à mener une politique de tolérance zéro contre l'exploitation ou les abus sexuels commis par notre personnel. Cela signifie que la passivité n'est pas de mise. Lorsque des accusations crédibles nous sont adressées, nous nous assurons qu'elles sont examinées à fond ». Il a également informé le Conseil qu'il nommerait un Messager de la paix qui sera uniquement chargé de promouvoir la cessation des violences à l'encontre des femmes. Tout en demandant aux États Membres de proposer la candidature d'un grand nombre de femmes, il a promis de « déployer un plus grand nombre de femmes dans le monde, pas seulement comme personnel policier, militaire ou civil, mais aussi aux niveaux les plus élevés de la hiérarchie des missions. En mars 2008, il a lancé une campagne mondiale visant à s'attaquer à toutes les manifestations de violence à l'encontre des femmes, notamment la violence sexuelle dans les conflits armés.

Demandant au système de l'ONU, aux États Membres et aux groupes de la société civile de s'attaquer à ce problème complexe, Mme Migiro a rappelé qu'en mai 2008 le Fonds de développement des Nations Unies pour la femme (UNIFEM) et le Département des opérations de maintien de la paix des Nations Unies, au nom de la Campagne des Nations Unies contre la violence sexuelle en temps de conflit, ont organisé une conférence de haut niveau sur le rôle des soldats du maintien de la paix et des autres personnels pour lutter contre ce fléau. Les délégués ont estimé que la crédibilité des opérations de maintien de la paix devait être mesurée à l'aune des progrès faits dans la lutte contre les violences sexuelles. Ils ont également atteint un consensus pour que cette question soit examinée au niveau politique afin de mener une action efficace.

Faisant fonction de chef du Groupe de la déontologie et de la discipline au Département d'appui aux missions, Marie-Anne Martin a dit à la Chronique de l'ONU que « l'exploitation sexuelle ou toute violation du code de déontologie de l'ONU peut empêcher une mission de mener à bien son mandat en perdant la confiance de la population du pays d'accueil ». Elle a ajouté que dans le cadre de la mise en œuvre des mesures spéciales pour la protection des populations contre l'exploitation et les abus sexuels et d'une réponse aux différentes accusations portées contre les soldats de la paix dans plusieurs missions, l'ancien Secrétaire général Kofi Annan a établi en septembre 2005 plusieurs Groupes de la déontologie et de la discipline, un au siège de l'ONU à New York et huit autres dans des missions de maintien de la paix sélectionnées. Il existe 18 Groupes de ce type dans le monde.

Ces Groupes ont été créés pour soutenir la politique de tolérance zéro concernant l'exploitation et les abus sexuels en appliquant des mesures préventives, en recevant des plaintes et en assurant le respect du code de déontologie de l'ONU. « Lorsque des fautes sont commises, les plaintes sont adressées aux Groupes qui les transmettent ensuite au Bureau des services de contrôle interne ou à d'autres organismes en fonction de la gravité du délit. Le rapport de l'enquête est examiné à condition que les accusations soient fondées. Dans ce cas, la responsabilité incombe à la mission, au Secrétariat de l'ONU ou aux pays contributeurs de troupes, qui doivent prendre toutes les actions nécessaires », a ajouté Mme Martin.

Les Groupes de la déontologie et de la discipline ont adopté une stratégie à trois volets qui comprend une formation générale obligatoire sur la prévention de l'exploitation et des abus sexuels pour tous les personnels de maintien de la paix dès leur arrivée dans une mission; des mesures coercitives pour examiner les accusations et mener les enquêtes sur des faits d'inconduite traités de manière plus systématique et plus professionnelle; et des mesures de réparation pour fournir assistance et soutien aux victimes de l'exploitation et des abus sexuels commis par le personnel des Nations Unies ou le personnel qui y est associé.
Les missions et les institutions de l'ONU dans le monde entier travaillent pour améliorer la situation. La Mission des Nations Unies en République démocratique du Congo (MONUC) a pris plusieurs mesures dont l'« Opération Night Flash », un déploiement de soldats de la paix qui patrouillent la nuit dans les bois et traquent les auteurs de viols potentiels. La Mission de l'ONU au Liberia (UNMIL) a construit une maison pour abriter les survivants et les victimes de violence sexuelle et fondée sur le sexe, tandis qu'en Haïti, les soldats de la paix organisent des réunions sur les droits des femmes à l'intention des membres de l'appareil judiciaire et de la police. De son côté, le Groupe de renforcement de l'état de droit en Afghanistan aide le pays à élaborer un projet de loi pour éliminer la violence à l'encontre des femmes et la Mission d'administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK) a créé un groupe spécial pour assurer une aide aux victimes lorsqu'ils réclament justice. Le Haut Commissariat aux droits de l'homme des Nations Unies a également pris des mesures pour surveiller, enquêter et documenter les violences sexuelles et fondées sur le sexe, comme il le fait pour les droits de l'homme.