1 décembre 2007

En adoptant en 2000 les huit Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), la communauté internationale a pris un engagement ferme. Ces objectifs représentent une vision commune pour réduire la pauvreté de manière drastique et fournir des objectifs clairs pour améliorer sensiblement la qualité de vie des gens.


L'apprentissage et l'éducation sont au cœur même du développement et, en conséquence, de cet ordre du jour mondial. L'OMD 2 vise à assurer que les enfants, garçons et filles, puissent, où qu'ils soient, achever un cycle complet d'études primaires de qualité. L'OMD 3 vise à éliminer la disparité entre les sexes dans l'éducation primaire et secondaire, de préférence en 2005, et à tous les niveaux d'ici à 2015. En effet, l'apprentissage est implicite à tous les OMD : améliorer la santé maternelle, réduire la mortalité infantile et combattre le VIH/sida ne peuvent tout simplement être atteints sans donner les moyens de s'instruire et d'acquérir des connaissances pour améliorer la vie. De plus, l'objectif 8 appelle à « une augmentation de l'aide publique au développement pour les pays engagés dans la réduction de la pauvreté ».


Les OMD relatifs à l'éducation font écho aux objectifs d'Éducation pour tous (EPT), adoptés également en 2000. Cependant, l'ordre du jour d'EPT est beaucoup plus vaste, comprenant non seulement l'éducation primaire pour tous et l'égalité des sexes, mais aussi l'éducation préscolaire, l'éducation permanente de qualité et l'alphabétisation. Cette approche globale est vitale pour garantir le droit à l'éducation et la réalisation du développement durable et équitable.


Quels progrès avons-nous accomplis en matière d'éducation primaire pour tous ? Le Rapport de suivi mondial 2008 de l'EPT - l'éducation pour tous d'ici à 2015 : un objectif accessible ? - présente une évaluation générale des progrès réalisés à
mi-chemin entre 2000 et 2015. Les résultats sont encourageants :
• Entre 1999 et 2005, le nombre de nouveaux inscrits en primaire a, pour la première fois, augmenté de 4 %, passant de 130 millions à 135 millions, avec un bond de 36 % en Afrique subsaharienne - un succès majeur, étant donné la croissance démographique élevée dans la région.
• La participation scolaire dans le primaire a augmenté de 6,4 % dans le monde, la croissance la plus rapide ayant eu lieu dans les deux régions les plus éloignées du but en matière d'éducation - l'Afrique subsaharienne et l'Asie du Sud et de l'Ouest.
• D'après le taux net de scolarisation, qui mesure la proportion d'enfants inscrits ayant l'âge d'aller à l'école primaire, plus de la moitié des pays d'Amérique du Nord, d'Europe de l'Ouest, de l'Est et d'Europe centrale, d'Asie de l'Est et du Pacifique, ainsi que d'Amérique latine et des Caraïbes ont des taux supérieurs à 90 %. Les taux sont plus bas dans les États arabes, en Asie centrale, du Sud et de l'Ouest, les taux les plus bas étant enregistrés à Djibouti (33 %) et au Pakistan (68 %). C'est en Afrique subsaharienne que le défi est le plus important, où plus d'un tiers des pays enregistre des taux inférieurs à 70 %.
• Le nombre d'enfants non scolarisés a nettement chuté, passant de 96 millions en 1999 à environ 72 millions d'ici à 2015, le plus grand changement ayant eu lieu en Afrique subsaharienne et en Asie du Sud et de l'Ouest, qui continuent d'enregistrer les pourcentages d'enfants non scolarisés les plus élevés. L'Asie du Sud et de l'Ouest a la proportion la plus élevée de filles non scolarisées.


L'OMD concernant l'éducation indique qu'à la fois les garçons et les filles doivent pouvoir accéder à l'enseignement primaire et le suivre jusqu'à son terme. L'objectif de la parité des sexes fixé pour 2005, n'a toutefois pas été atteint partout mais de nombreux pays ont cependant fait des progrès importants. En Asie du Sud et de l'Ouest, une des régions marquées par les plus grandes disparités, 93 filles pour 100 garçons étaient scolarisées en 2005 - une amélioration par rapport à 1999 où elles n'étaient que 82. Pourtant, au niveau mondial, 122 des 181 pays disposant de données n'ont pas atteint la parité des sexes en 2005. Il reste beaucoup à faire, en particulier dans les régions rurales et les taudis urbains, mais les tendances sont positives et constituent un pas dans la bonne direction.


Cette évaluation générale indique que les progrès vers la réalisation de l'éducation primaire pour tous sont positifs. Les pays, où le nombre d'inscriptions a fortement augmenté, ont généralement augmenté leurs dépenses consacrées à l'éducation en pourcentage du produit national brut. Les dépenses publiques consacrées à l'éducation ont augmenté de plus de 5 % par an en Afrique subsaharienne et en Asie du Sud et de l'Ouest. L'aide à l'éducation de base dans les pays à revenu faible a plus que doublé entre 2000 et 2004.


Des progrès ont été réalisés grâce à l'introduction de stratégies universelles et ciblées. Quatorze pays ont aboli les frais de scolarité dans le primaire depuis 2000, une mesure qui a favorisé le nombre d'enfants parmi les plus désavantagés inscrits. Plusieurs pays ont mis en place des mécanismes pour redistribuer des fonds aux régions les plus pauvres, et se sont centrés sur les régions à la traíne en matière d'accès à l'éducation, et pour lever les barrières économiques concernant la scolarisation pour les ménages pauvres. Nombre de pays, notamment le Burkina Faso, l'Éthiopie, l'Inde et le Yémen, ont introduit des stratégies spécifiques pour encourager la scolarisation des filles, comme les campagnes de sensibilisation communautaires, les centres préscolaires pour libérer les filles qui doivent s'occuper de leurs frères et sœurs, ainsi que la gratuité des uniformes et du matériel scolaire. Ces stratégies sont efficaces et reflètent le solide engagement national à réaliser l'éducation primaire pour tous.


La scolarisation, cependant, n'est qu'une étape; il faut que les enfants restent à l'école et achèvent le cycle primaire. Un des moyens de mesurer les résultats est d'évaluer le taux de présence en dernière année de primaire. Bien que les données ne soient pas disponibles pour chaque pays, ce taux en dernière année est de 87 % au niveau mondial. Mais cela varie considérablement selon les régions, avec des taux médians de plus de 90 % dans le monde, à l'exception de l'Asie du Sud et de l'Ouest (79 %) et de l'Afrique subsaharienne (63 %). Mais même dans ces cas, les enfants abandonnent leurs études en dernière année du primaire et n'achèvent pas le cycle, certains pays montrant un écart de 20 % entre les élèves qui ont sont entrés en dernière année et ceux qui l'ont achevée.


L'un des principaux défis consiste à améliorer la qualité de l'apprentissage et de l'enseignement. Les compétences cognitives, les compétences de base et les compétences indispensables dans la vie courante, ainsi que les attitudes et les valeurs positives, sont essentielles pour le développement aux niveaux individuel, communautaire et national. Dans un monde où l'acquisition, l'utilisation et le partage du savoir sont de plus en plus essentiels à la réduction de la pauvreté et au développement social, la nécessité d'obtenir de meilleurs résultats d'apprentissage devient une condition essentielle nécessaire pour partager les bénéfices de la prospérité croissante. Les connaissances que les enfants acquièrent à l'école et celles que les jeunes et les adultes acquièrent dans les programmes d'apprentissage informels devraient leur permettre, tel qu'il est énoncé dans les quatre piliers du rapport Delors 1996 « L'éducation : un trésor est caché dedans », d'acquérir un savoir, d'agir, d'être et de vivre ensemble.


Les gouvernements sont préoccupés par la mauvaise qualité de l'enseignement. Un nombre croissant de pays en développement participent aux évaluations internationales et régionales et effectuent leurs propres évaluations nationales. Les données montrent que jusqu'à 40 % des élèves n'atteignent pas le niveau d'acquisition minimum en langage oral et écrit et en mathématiques. Les élèves issus des classes socio-économiques privilégiées et ceux qui ont accès aux livres ont de meilleurs résultats que les élèves issus des classes pauvres qui ont un accès limité au matériel de lecture.


Ces études révèlent certains points. La qualité de l'enseignement primaire dépend d'abord d'un nombre suffisant d'enseignants dûment formés. Mais le rapport élève-enseignant a augmenté en Afrique subsaharienne ainsi qu'en Asie du Sud et de l'Ouest depuis 1999. La planète aura besoin de 18 millions de nouveaux enseignants pour atteindre d'ici à 2015 l'objectif relatif à l'éducation primaire pour tous. D'autres facteurs ont une influence certaine sur l'éducation : un environnement physique sûr et sain y compris, entre autres, des toilettes adéquates pour les filles; un matériel d'apprentissage et d'enseignement adéquat; des programmes centrés sur les enfants; et un nombre suffisant d'heures d'instruction (au moins 800 heures par an). Il a été prouvé que l'instruction scolaire initiale donnée dans la langue maternelle aide à apprendre à lire et à écrire. Une gouvernance scolaire transparente et responsable, entre autres, a également un effet sur l'environnement d'apprentissage général.


Quelles sont donc les perspectives de l'accès à l'éducation primaire pour tous et de la parité ? Le Rapport de suivi mondial 2008 de l'EPT présente les pays en deux catégories selon leur taux net d'inscriptions actuel : 80 à 96 % et moins de 80 %. Pour chaque catégorie, il évalue si les taux de progrès actuels permettront au pays d'atteindre l'objectif d'ici à 2015. Notant que 63 pays dans le monde l'ont déjà atteint et que 54 pays n'ont pas participé à l'analyse, faute de données adéquates, la situation est la suivante :

Sur 95 pays ayant des chances d'atteindre la parité d'ici en 2015, 14 ne l'atteindront pas dans l'éducation primaire et 52 dans l'éducation secondaire. Vingt-neuf autres pays n'arriveront pas à réaliser la parité à la fois dans le primaire et dans le secondaire. La communauté internationale doit apporter son soutien aux pays qui ne sont pas en voie de réaliser les OMD et les objectifs de l'EPT et à ceux qui ont fait des progrès. Selon les tendances actuelles et si les engagements sont tenus, l'aide bilatérale à l'éducation de base atteindra probablement 5 milliards de dollars par an en 2010. Ceci est nettement inférieur aux 9 milliards de dollars requis pour assurer seulement l'éducation primaire pour tous; deux milliards de dollars supplémentaires sont nécessaires pour faire face au contexte plus large de l'éducation.


L'alphabétisation des adultes, en particulier des mères, a un effet sur la scolarisation de leurs enfants, en particulier de leurs filles. Dans les sociétés modernes centrées sur le savoir, 774 millions d'adultes sont analphabètes - dont une femme sur quatre. Un apprentissage précoce et des programmes préscolaires donnent aux enfants de meilleures chances de survivre et de réussir une fois qu'ils entrent à l'école primaire, mais de telles occasions sont rares dans la plupart des pays en développement, sauf en Amérique latine et aux Caraïbes. L'accès à l'éducation secondaire de qualité et aux programmes d'éducation permanente motive les élèves à atteindre le plus haut niveau d'éducation et à considérer l'éducation comme une activité entreprise tout au long de la vie.


Les objectifs que nous tentons d'atteindre concernent le droit fondamental à l'éducation qui devrait permettre à chaque enfant et à chaque adulte de développer pleinement son potentiel, afin de contribuer activement au changement sociétal et de profiter des fruits du développement. Il s'agit désormais de faire en sorte que tous les enfants, les jeunes et les adultes, quels qu'ils soient, puissent accéder à ces opportunités d'éducation. Cela nécessite des politiques pour toucher les populations les plus marginalisées, les plus vulnérables et les plus désavantagées - les enfants qui travaillent, les enfants handicapés, les groupes autochtones, les minorités linguistiques et les populations infectées par le VIH/sida.


Tous les pays du monde ont fixé leur attention sur le développement humain durable, la seule perspective pour réduire les inégalités et améliorer la qualité de la vie pour les générations actuelles et futures. C'est dans cette optique que les gouvernements, les donateurs et les institutions internationales doivent continuer à travailler conjointement en vue de réaliser l'éducation primaire pour tous et l'ordre du jour plus large des OMD avec courage, détermination et un engagement inébranlable.
Pour en savoir plus sur le Rapport de suivi mondial 2008 de l'EPT, veuillez visiter (www.efareport.unesco.org).

 

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