Alexia Guillaume, chargée des affaires humanitaires au sein du Bureau de coordination des affaires humanitaires (OCHA), travaille à Al-Arish city, un centre logistique pour l’aide humanitaire à destination de Gaza par le corridor égyptien.

Quel est le processus d’arrivée de l’aide humanitaire en Égypte et à Gaza ?  

La Société du croissant rouge égyptien (ERCS) coordonne la livraison de l’aide humanitaire depuis Al-Arish vers Gaza, via le poste frontière égyptien de Rafah et Kerem Shalom depuis octobre 2023. 

Les fournitures humanitaires envoyées via le corridor égyptien sont achetées localement ou acheminées internationalement via la mer et les aéroports égyptiens avant d’être amenées à Al-Arish. De là, elles sont contrôlées et envoyées vers Gaza depuis le centre logistique de l’ERCS.

Les autorités israéliennes exigent d'être informées de toutes les fournitures humanitaires au moyen d'un manifeste préparé par l'ERCS et communiqué à la Coordination israélienne des activités gouvernementales dans les territoires pour approbation la veille.

Le jour où l’aide devrait traverser la frontière, elle est soumise à de multiples inspections du côté égyptien et israélien avant de pouvoir être acheminée vers la population de Gaza.

Quel est votre rôle ?

Je facilite le travail de l’équipe de soutien humanitaire à Gaza, qui comprend des experts techniques humanitaires de l’ONU. Nous travaillons ensemble pour soutenir l’ERCS et rationaliser la fourniture de l’aide humanitaire, en coordination avec les autorités égyptiennes.

Je supervise également la coordination des fournitures des Nations Unies/ONG internationales expédiées à Gaza, en collaboration avec le cluster logistique et en consultation avec les collègues d'OCHA à Gaza.

Je soutiens les efforts de sensibilisation, notamment en informant les délégations de haut niveau des États Membres et les hauts responsables en visite à Al-Arish.

Notre objectif est de sensibiliser davantage aux besoins et aux défis humanitaires, de renforcer la confiance dans le système multilatéral et d’assurer un flux régulier d’informations pour une réponse plus efficace.

Quels sont les défis que vous rencontrez ?

Une fois chargés, les camions passent par un processus complexe d’inspections, de contrôles et de transbordements répétés, qui peuvent être imprévisibles et entraîner des retards.

Tout retard signifie que des milliers de personnes, qui dépendent littéralement de cette aide, n’obtiendront pas l’aide dont elles ont besoin. Il s’agit d’une énorme responsabilité pour nous tous, et ça peut être tellement décourageant lorsque nous ne pouvons rien faire pour surmonter les obstacles logistiques.

Lorsque les camions ne peuvent pas circuler depuis Al-Arish et attendent de passer à Kerem Shalom, protéger les approvisionnements contre le pillage et les conditions météorologiques constitue un véritable défi.

L'entrée de l'aide à Gaza depuis la route égyptienne a été fortement affectée depuis le début d'une offensive terrestre à Rafah début mai.

Cela est particulièrement préoccupant compte tenu des besoins toujours croissants à Gaza qui dépassent toute autre crise mondiale, et c’est pourquoi il est crucial de maintenir la flexibilité et l’adaptabilité de nos stratégies, car le contexte et les besoins sur le terrain évoluent constamment.