De la plus haute forêt de nuages des Andes au plus petit poisson d’eau douce au Chili, la biodiversité forme un tissu invisible qui relie les écosystèmes entre eux et préserve la production agricole et la sécurité alimentaire. L’Amérique latine et les Caraïbes abritent l’une des plus grandes concentrations de biodiversité au monde. Consciente de l’importance de la biodiversité, en particulier dans le cadre des systèmes agroalimentaires, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), en collaboration avec le Fonds pour l’environnement mondial (FEM), favorise les activités de conservation en Amérique latine. Voici trois projets visant à préserver et restaurer les écosystèmes du Brésil, du Chili et du Venezuela.
Agriculture et alimentation
Ruth est l'une des 70 femmes awajún qui protègent la forêt des Nuwas, une forêt située dans la région péruvienne de l'Amazonie, et considère ainsi qu’elle est une gardienne de l'avenir. Soutenues par Avanzar Rural, qui a reçu 71,47 millions d'USD de cofinancement de la part du FIDA, du Gouvernement péruvien et d'autres partenaires, Ruth et ses collègues cultivent des plantes médicinales, protègent et répertorient les espèces autochtones, font découvrir la forêt aux visiteurs et participent au reboisement.
« Ce n'est pas pour moi que je reboise les forêts. Un jour, je ne serai plus là. Ce sont celles et ceux qui resteront qui jouiront de l'environnement, de l'air et de tout ce que nous leur laisserons », explique Ruth.
La santé végétale constitue le socle de la sécurité alimentaire et est donc au cœur de l’approche «Une seule santé». Des végétaux sains fournissent les aliments et les nutriments nécessaires à notre bien-être, servent de nourriture aux animaux et contribuent à l’équilibre des écosystèmes. Lorsque des végétaux sont infestés par des organismes nuisibles, cela a un effet néfaste sur la santé humaine car la quantité et la qualité de la nourriture s’en trouvent diminuées. Ils peuvent propager des agents pathogènes nocifs aux animaux, favoriser les zoonoses et détruire les écosystèmes fragiles nécessaires à la culture de végétaux sains.
Un champignon qui se déplace dans l’air provoque une maladie appelée la rouille du blé, qui menace un aliment de base en Asie centrale et dans le Caucase. Or, les maladies des végétaux, comme celles qui touchent les êtres humains, ne connaissent pas de frontières. Face à cette menace invisible, une coalition très pragmatique s’est formée. Avec le soutien de la FAO et du Gouvernement de Türkiye, des scientifiques, des agriculteurs et des gouvernements ont uni leurs forces.
Au cœur des collines luxuriantes qui surplombent les rives nord du lac Victoria, une nouvelle exploitation voit le jour. Waiswa Aggrey Mubeerwa, qui en est le jeune directeur, attend qu’elle arrive à maturité pour pouvoir expédier ses produits vers des marchés lointains. À la fin de l’année 2024, dans le cadre d'un projet mis en œuvre par la FAO en collaboration avec le Gouvernement de l’Ouganda, environ 200 000 boutures de mûrier (dont les feuilles constituent la seule nourriture des vers à soie) avaient été distribuées à 35 agriculteurs et une formation à l’art d’obtenir les cocons, à partir desquels la soie est filée, avait été dispensée à 44 agriculteurs. Au cours de cette formation, les agriculteurs ont étudié les différentes phases de croissance des larves, ont reçu des conseils en matière d’alimentation et ont été sensibilisés à l’importance de maintenir un environnement propre et bien ventilé.
Au cœur des paisibles forêts du district de Nawalpur au Népal, une révolution est en train de prendre racine avec les outils les plus improbables qui soient: des broyeurs et des amas de compost. Un groupe de femmes de la municipalité de Binayi Triveni s’emploie à transformer ce qui était l’une des plus grandes menaces pour la région en une activité économique prometteuse. Grâce à son travail, Meena a non seulement fait émerger une économie locale florissante, mais elle a également contribué à réduire de 70 pour cent les incendies de forêt au cours des 12 derniers mois.
Givi Chubinidze vit au milieu de vignes plantées à l’époque de ses ancêtres. Ici, des variétés endémiques comme le tsitska, le krakhuna et l’adanasuri font partie du paysage local et du patrimoine culturel depuis des siècles. Givi a même baptisé son exploitation viticole « Nanua », en hommage à son aïeul, maître de chai pour le dernier roi d’Iméréthie. Aujourd’hui, il cultive et vendange environ 120 variétés et estime que les cépages géorgiens sont « le trésor, le patrimoine et l’histoire du pays ». En 2024, Givi a reçu une subvention de contrepartie de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), par l’intermédiaire du Programme européen de voisinage pour l’agriculture et le développement rural (ENPARD), lui permettant de conjuguer normes modernes de sécurité sanitaire des aliments et méthodes de production traditionnelles et ainsi de renforcer la production de sa petite exploitation viticole.
Alex Sybron, 33 ans, est passé d'une carrière de joueur de cricket à celle de responsable de la sélection végétale de l’unité de recherche sur les plantes cultivées du centre de recherche public Bodles, en Jamaïque, où il se consacre à l'amélioration de la qualité des semences pour le secteur agricole. En collaboration avec la FAO, l'équipe de Sybron s'efforce de garantir des semences exemptes de maladies et de parasites, ce qui est essentiel pour améliorer la productivité des cultures. Les piments forts jamaïcains, connus dans le monde pour leur force et leur saveur, sont l'un des principaux produits d'exportation, mais les difficultés de production et la baisse de la qualité pèsent sur la demande et la compétitivité de ce produit emblématique. C’est pourquoi, la mise en place de pratiques optimales est l’un des points importants des formations menées par la FAO à destination des agriculteurs jamaïcains.
Le palmier açaï constitue une ressource naturelle précieuse pour la communauté autochtone de Porvenir, dans le nord de la Bolivie. Avant 2009, cette communauté abattait les palmiers açaï uniquement pour récolter leur cœur fibreux, qui était ensuite transformé et vendu sous forme de cœur de palmier. Aujourd’hui, grâce au Mécanisme « forêts et paysans » de la FAO, elle a pu créer une association de producteurs forestiers axée sur une production artisanale et à petite échelle qui respecte l'environnement. En bâtissant une filière durable de l’açaï, la communauté de Porvenir a pu ainsi améliorer sa production et sa sécurité alimentaire et nutritionnelle, tout en préservant ses ressources forestières.
Qu’il s’agisse d’utiliser des semences indigènes plus résilientes, d’associer les caféiers et les bananiers ou de reconstituer les populations de pollinisateurs, la biodiversité n’est pas un concept abstrait dont débattent les scientifiques et les militants. Elle se retrouve dans un ensemble d’actions concrètes essentielles pour la sécurité alimentaire et l’environnement, que les agriculteurs accomplissent dans leur travail quotidien. En Ouganda, des pratiques agricoles durables enrichissent la biodiversité des champs, ce qui est bénéfique pour l’environnement et les moyens de subsistance.
Il y a une vingtaine d’années, «on m’a diagnostiqué une maladie grave, le cancer», explique-t-elle. « La vente de fruits séchés et de tklapi (des feuilles faites à partir de purée de fruits séchés que l’on enroule comme du cuir) a été l’une des principales sources de revenus qui m’ont permis de rester en bonne santé et de couvrir mes frais médicaux. » En se concentrant sur son activité et en perfectionnant son savoir-faire, elle a pu jouer un rôle clé en tant qu’agricultrice référente dans le cadre d’un projet visant à améliorer la résilience et l’autonomie économique des petites productrices laitières. Tout cela est arrivé après sa rencontre avec une autre productrice de fromages qui dirigeait une école pratique d’agriculture dans le cadre d’une initiative mise en œuvre par FAO, en partenariat avec ONU-Femmes.
Les éleveurs de crevettes en eau saumâtre de l’est du Guyana utilisaient traditionnellement l’eau de mer naturellement apportée par la marée, mais les rendements ont chuté à cause des inondations et des changements dans le régime des vents. Une formation dispensée par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et le service des pêches du Ministère de l’agriculture guyanien ont permis d’apporter un soutien supplémentaire. Cette formation a présenté aux pisciculteurs une méthode qui permet d’accroître la production de crevettes par l’augmentation du nourrissage et qui utilise un système commandé de pompage de l’eau de mer dans les étangs.
Dans la région de Dosso, au Niger, des agriculteurs et agricultrices utilisent des systèmes d’irrigation alimentés par l’énergie solaire pour augmenter la productivité agricole.
Deux véhicules à quatre roues motrices dérapent et s’embourbent pour la énième fois. L’équipe, vêtue de jaune fluorescent, renonce finalement à pousser les véhicules et se dirige à pied vers la forêt humide environnante. Il leur faudra deux ou trois heures pour parvenir à leur destination. Mais qui sont ces personnages qui portent ces gilets très visibles? Des gardes forestiers? Des gardes‑moniteurs? Des gardes-chasses? La réponse est peut-être inattendue, mais ce sont en fait des statisticiens. Les cinq statisticiens de cette équipe sont des membres du personnel de la FAO et du principal bureau de statistiques du pays, l’Institut de statistiques et de services d’information géographique du Libéria.
Khadiga avait même déjà cuisiné le fruit du jaquier en le mélangeant à toutes sortes d’autres ingrédients pour préparer ses plats de curry. Mais jamais elle n’aurait imaginé qu’il deviendrait un jour l’une des principales sources de revenu de sa famille. Peu de temps après avoir suivi les cours organisés par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), Khadiga a décidé de tenter sa chance et de lancer sa propre entreprise. Aujourd’hui, elle produit tout un assortiment de produits à base de jaque, notamment des produits marinés, des confitures, des hamburgers, des gâteaux, des pizzas et même du cuir végétal.