Malgré la reprise, les emplois restent rares

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Malgré la reprise, les emplois restent rares

UN / Fred Noy
Harvesting sorghum in Sudan Récolte de sorgho au Soudan. En investissant dans l’agriculture et l’agro-industrie par exemple, les pays africains pourraient profiter davantage de leur main-dœuvre, estime la Commission économique pour l’Afrique.
Photo: Fred Noy / ONU

Cette année, si l’on en croit le tout récent Rapport économique sur l’Afrique, les économies du continent devraient réaliser de meilleures performances qu’en 2009. La croissance moyenne devrait passer de moins de 2% au cours de l’année écoulée à 4,3% en 2010; une année marquée par la récession mondiale. En dépit de la baisse du prix de pétrole en mai, les pays africains producteurs d’or noir (Nigeria ou Angola notamment) devraient davantage profiter de la reprise. Ils bénéficieront notamment de la hausse de la demande en Asie. La croissance moyenne des pays africains exportateurs de pétrole devrait atteindre 5,3%.

Le rapport de la Commission économique pour l’Afrique (CEA) confirme en outre une tendance qui date d’il y a quelques mois déjà, dans un contexte ou les signes d’une reprise plus marquée que prévu se sont multipliés. En janvier, peu de temps après la publication des prévisions optimistes du Département des affaires économiques et sociales des Nations unies, celles de la Banque mondiale, du Fond monétaire international et de la Banque africaine de développement qui ont suivi ont, à leur tour, indiqué que le continent rebondirait mieux et vite par-rapport aux autres régions du monde. L’Afrique, ont-elles unanimement conclu, serait précédée seulement par l’Asie du Sud-est. Tous s’accordent pour estimer que le continent connaîtra une croissance supérieure à 4%.

Rejoignant l’analyse des autres institutions, la CEA suggère que la relance africaine repose principalement sur des facteurs externes. Parmi ces facteurs, on compte la hausse de la demande des principaux produits d’exportations du continent, celle de l’aide au développement, celle des investissements directs ainsi que l’augmentation des sommes d’argents renvoyés par les migrants africains vers leurs pays d’origines.

Reste que les bonnes performances des économies d’Afrique ne signifient pas la fin des problèmes auxquels le continent fait face. Le rapport relève que leur croissance moyenne reste inférieure aux 7% requis pour atteindre les Objectifs du millénaire pour le développement. Adoptés en 2000 par les dirigeants du monde, ces Objectifs consistent notamment à réduire de moitié la pauvreté et la faim dans le monde, à assurer l’accès à l’école pour tous les enfants et à réduire de manière significative la mortalité infantile et maternelle.

Diversification et emplois

De plus, poursuit la CEA, on ne note aucun fléchissement des taux de chômage ni de ceux de personnes ayant un “emploi vulnérable” (travailleurs autonomes et aides familiales non salariées). Ces deux catégories représentent autour de 80% de la main-d’œuvre africaines. Avec la crise, ces taux sont d’ailleurs à la hausse en 2009, constate le rapport.

Malgré tout, la commission estime que les répercussions dévastatrices de la crise mondiale en Afrique offrent l’occasion d’un nécessaire changement de politiques sur le continent. Jusqu’ici, analyse la CEA, la croissance économique africaine a principalement reposé sur l’aide internationale et les investissements étrangers ainsi que sur les rentrées financières générées par l’exportation de matières premières. Or ces flux sont tous exposés à des variations significatives aux conséquences graves pour les économies africaines. Même dans les pays qui ont maintenu une forte croissance, les taux de chômage et de la pauvreté sont restés important tant avant qu’après la crise.

La CEA affirme qu’à défaut de mettre en place une “stratégie de croissance alternative (…) plus durable et favorable aux pauvres”, la vulnérabilité du continent aux chocs extérieurs et des scénarios de croissance forte qui ne se traduise qu’assez peu au plan social (aussi connu sous le terme “croissance sans emploi”) persisteront. De nouvelles politique économiques, visant la croissance et la réduction de la pauvreté, doivent être mise en place suggère la commission.

En vue d’y parvenir, les pays africains devront diversifier leurs économies en vue de limiter leur dépendance vis-à-vis de leurs ressources naturelles. Jusqu’ici, l’investissement et la croissance ont été concentré dans les secteurs d’extraction (pétrole et minerais). Malheureusement, ces secteurs offres un nombre limité d’emplois. Même si l’on considère que deux africains sur trois détiennent un emploi – constituant ainsi une de main-d’œuvre les plus actives au monde – plus de 80% de cette main-d’œuvre gagne un maximum de 2 dollars par jour. Ces personnes exercent pour la plupart dans le secteur informel et l’agriculture.

Le rapport estime qu’en investissant dans les secteurs les emplois sont plus nombreux (l’agriculture et l’agro-industrie par exemple), les pays africains pourraient profiter davantage de leur main-d’œuvre et être en meilleure position face aux chocs extérieurs. Les auteurs du rapport relèvent que, dans la mesure ou 60% de la population africaine a moins de 25 ans, le continent à tout intérêt à investir dans l’amélioration des aptitudes et des compétences de cette tranche de la population.

Enfin, en plus de la création d’emplois et de la diversification de leurs économies, le rapport recommande aux pays africains d’investir dans les infrastructures et le capital humain, de mobiliser davantage de ressources au plan national en vue du développement, d’améliorer le climat des affaires et de faciliter l’emploi dans le secteur privé ainsi que la productivité et les revenus dans le secteur informel.

– Afrique Renouveau en ligne

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