Des couleurs pour "adoucir les peines" du COVID-19

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Des couleurs pour "adoucir les peines" du COVID-19

Franck Kuwonu
21 Avril 2020
Ms Mounia Lazali modeling the facemasks she has crafted
Mme Mounia Lazali
Mme Mounia Lazali modelant les masques qu'elle a réalisés

Mounia Lazali, est une designer professionnelle et une peintre basée en Algérie. Comme d'autres personnes sur le continent africain, elle contribue à endiguer la pandémie de COVID-19. De nombreux pays étant confrontés à une pénurie de masques de protection, Mme Lazali en coud des centaines en utilisant des tissus colorés qu'elle donne à ses compatriotes algériens. Elle a parlé de son initiative à Franck Kuwonu, d’Afrique Renouveau : 

Pouvez-vous nous parler un peu de vous ? 

Je m'appelle Mounia Lazali et mon nom d'artiste est MYA. J'ai 43 ans et je vis à Alger, la capitale de l'Algérie. Je suis diplômée de l'École supérieure des Beaux-Arts d'Alger et de l'Université de la langue et de la culture de Pékin, en Chine. Je suis également peintre professionnel ainsi que designer de textile, de meubles et d'arts graphiques. 

 

Quand avez-vous commencé à produire des masques ? 

J'ai commencé à fabriquer des masques le 18 mars de cette année. Je me souviens de ce jour car dès que j'ai fait la première fournée, j'ai publié une photo de moi portant les masques colorés sur Facebook. J'aime partager toutes mes créations instantanément sur les réseaux sociaux car je trouve que c'est une façon intéressante d'interagir avec d'autres personnes, de sensibiliser à quelque chose et de partager du contenu créatif. 

 

Qu'est-ce qui vous a poussé à faire ces masques ? 

Toute ma vie tourne autour de la beauté et de l'esthétique. Personnellement, je ne voulais pas porter le masque chirurgical habituel à cette époque de l'enfermement parce qu'il me rappelle une phase difficile de ma vie où j'ai été malade pendant longtemps et où j'ai dû en porter un. J'ai donc pensé que les textiles colorés que j'utilise pour mes créations pourraient contribuer à atténuer toute cette peur et cette douleur autour de cette pandémie. 

J'étais partie en Chine pour mes études quelques mois après la fin du SRAS. Cela m'a permis de m'adapter rapidement aux mesures d'hygiène prescrites, notamment le port de masques faciaux. Je me souviens que les masques étaient également portés pendant les périodes de grande pollution, j'étais donc familier avec ce genre d'accessoire et d'autres mesures de protection personnelle contre ces maladies. 

D'autre part, lorsque le COVID-19 a éclaté, je savais que nous étions confrontés à une pénurie de masques en Algérie. Je suis douée pour la couture et j'avais un stock de tissus que j'avais ramené du Burkina Faso, du Mali et du Niger, alors j'ai fait le grand saut ! 

Some of the many facemasks that Ms Mounia Lazali has created
Some of the many facemasks that Ms Mounia Lazali has created

Combien de masques produisez-vous par jour ? 

J’ai cousu plus de 300 masques, dont certains ont été distribués à des amis, des voisins, des commerçants locaux, des associations et du personnel médical. D'autres sont vendus pour une petite quantité. 

 

Quels matériaux utilisez-vous pour fabriquer les masques ? 

J'utilise du coton imprimé africain et des tissus cirés en coton. Ils sont également doublés. Afin de garantir la sécurité de leur utilisation pour la fabrication des masques, les tissus sont d'abord lavés en machine à 60°Celsius, repassés plusieurs fois pendant le processus de création et désinfectés une nouvelle fois par le dernier repassage. 

 

Comment distribuez-vous les masques ? 

Les gens viennent chez moi et font sonner l'interphone pour passer une commande. J'emballe ensuite les masques dans une enveloppe et je les mets à l'entrée de la maison avec le nom du client. Lorsqu'il s'agit d'une petite quantité, je les laisse dans la boîte aux lettres pour que les gens viennent les chercher. Il est très important pour moi de respecter les mesures de sécurité et de distanciation sociale requises par l'épidémie de COVID-19, surtout en raison de mes antécédents médicaux, mais aussi pour mes clients qui viennent chercher leurs masques ne prennent aucun risque. 

 

Quel est le rôle des femmes en Algérie dans la lutte contre COVID-19 ? 

En ce moment, les femmes contribuent à la sensibilisation sur les réseaux sociaux. Il ne faut pas oublier que nous avons de nombreuses femmes médecins et infirmières qui sont en première ligne dans cette lutte contre le COVID-19. Elles risquent leur vie pour nous tous les jours. 

 

Quel est votre message aux Algériens en cette période de COVID-19 ? 

Maintenons la solidarité ! Restons conscients des changements que nous vivons, car désormais rien ne sera plus jamais comme avant. Soyons plus respectueux de la nature, de la faune et de tout ce qui constitue notre écosystème.