Une nouvelle ère de partenariat

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Une nouvelle ère de partenariat

Il est possible de prévenir les conflits sur le continent
Lansana Gberie
Afrique Renouveau: 
UN Secretary-General António Guterres (seated, third from left) in a camp for internally displaced persons in Bangassou, Central African Republic. Photo: UN Photo/Eskinder Debebe
Photo: UN Photo/Eskinder Debebe
Antonio Guterres, (assis 3ième à gauche) dans un camp de déplacés à Bangassou, Centrafrique. Photo: ONU/Eskinder Debebe

Au cours du mois qui a suivi sa prise de fonction en janvier 2017, le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres s’est rendu au sommet de l’Union africaine à Addis-Abeba en Éthiopie, puis de nouveau cette année en janvier. L’ONU indiquait ainsi qu’une nouvelle ère de partenariat s’ouvrait avec l’organe régional et le continent.

« Je suis ici au nom du système des Nations Unies pour réaffirmer notre ferme engagement envers les États membres et le peuple africain», a déclaré M. Guterres en janvier lors de la 30ème session ordinaire de l’Assemblée de l’Union africaine (UA). Avant d’ajouter, visionnaire : « Je crois fermement que l’Afrique est l’une des plus grandes forces du bien dans notre monde.»

Accompagné de la Secrétaire exécutive de la Commission économique pour l’Afrique, Vera Songwe, et de sa nouvelle Conseillère spéciale pour l’Afrique, Bience Gawanas, le Secrétaire général a annoncé une « plateforme de coopération » pour coordonner le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et l’Agenda 2063 de l’Union africaine.

M. Guterres a aussi décrit la manière dont le partenariat UA-ONU pourrait être renforcé dans cinq domaines clés : la lutte contre la corruption, la coopération en matière de  paix et de  sécurité, le développement inclusif et durable, l’action contre les changement climatiques et les migrations internationales.

Combattre l’impact « profond et dévastateur » de la corruption, de l’évasion fiscale et des flux financiers illicites - thème principal du sommet de l’UA de cette année -

« exige un engagement indéfectible envers la transparence et la responsabilité », a indiqué M. Guterres, qui a offert l’entier appui de l’ONU. Il s’est félicité du choix de 2018 comme Année africaine de  lutte contre la corruption .

M. Guterres – ancien Premier ministre du Portugal et ancien Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés – a déjà montré tout son intérêt pour l’Afrique, s’étant rendu en République centrafricaine, en Éthiopie, au Kenya, en Somalie et en Ouganda.

En choisissant Amina J. Mohammed, ancienne ministre de l’environnement du Nigéria, comme adjointe, M. Guterres a clairement signifié l’importance que la biodiversité et le développement durable en Afrique revêtent pour lui.   

Les Casques bleus de l’ONU

A Addis-Abeba en 2017, M. Guterres avait évoqué la « nécessité de changer ce qui se dit de l’Afrique, » en passant d’une discussion « qui s’inspire de toutes les crises actuelles que traversent  les pays africains », qu’il a qualifiée de  « vision partielle », à « un propos qui reconnaisse l’Afrique comme un continent au potentiel énorme… où se produisent des réussites extraordinaires du point de vue du développement économique et de la gouvernance. »

Au cours des années passées, les responsables de différents organes de l’ONU ont exprimé un avis similaire, mais sur un ton d’exhortation plus que de reconnaissance.

Le siège de l’ONU à New-York a accueilli récemment un certain nombre d’événements sur l’Afrique, principalement sur les questions de développement. La Vice-Secrétaire générale de l’ONU s’est rendue en Afrique l’an dernier, à la tête d’une équipe de haut niveau comprenant la Directrice exécutive d’ONU-femmes, Phumzile Mlambo-Ngcuka, la Représentante spéciale chargée de la question des violences sexuelles en période de conflit, Pramila Patten, et l’Envoyée spéciale de l’Union africaine pour les femmes, la paix et la sécurité, Bineta Diop. Leur mission était de promouvoir la participation active des femmes dans les processus de rétablissement et de consolidation de la paix, de sécurité et de développement.    

Auparavant, la quasi-indifférence des dirigeants étrangers envers les problèmes de l’Afrique reflétait leur incapacité à appliquer le concept de partenariat avec le continent. Le passage apparent d’une focalisation sur les crises à une discussion des questions économiques, politiques et sécuritaires est stimulant mais peut-être trop optimiste, estiment certains analystes.

Le développement d’abord

Plusieurs observateurs africains estiment que les fréquents voyages de M. Guterres sont destinés à rappeler aux Africains qu’en dépit des préoccupations – dues notamment au fait que le nouveau gouvernement des États-Unis s’intéresse moins au continent que les gouvernements précédents  – la communauté internationale ne négligera pas les problèmes de l’Afrique. Cet intérêt renouvelé pourra aussi  favoriser la prévention des conflits dans certains pays.    

À Addis-Abeba, M. Guterres a estimé que le développement « doit être au centre de la coopération [ONU-UA]. La meilleure prévention des conflits réside dans  le développement durable profitable à tous. »

C’est en Afrique que sont déployés la plupart des Casques bleus de l’ONU et les questions de sécurité africaine  font souvent l’objet de débats au sein du Conseil de sécurité. Sept missions de maintien de la paix de l’ONU se trouvent actuellement en Afrique. Les plus importantes sont celles de la République démocratique du Congo, du Darfour au Soudan (où la mission est aussi administrée par l’UA), du Soudan du Sud et du Mali.

L’ONU a créé sa première opération de maintien de la paix en Afrique, l’Opération au Congo, en 1960. Ce fut la première mission de grande ampleur, comptant jusqu’à 20 000 militaires.

Depuis 1989, le Conseil de sécurité a autorisé près de 27 opérations de  paix en Afrique, dont quatre  en Afrique de l’ouest – une sous-région dont les pays étaient jusqu’alors surtout contributeurs de troupes. Ces opérations permettent aux pays en conflit de créer les conditions nécessaires à un retour à la paix.

Si les actions menées en Afrique ont évolué, d’aucuns appellent toutefois à des efforts plus concertés pour maintenir la stabilité dans les pays sujets aux conflits, en particulier en période électorale.

Un engagement actif de l’ONU envers l’Afrique pourrait empêcher les tensions liées au processus électoral de dégénérer en conflits armés.

Faire face à de nouvelles menaces

Pendant 15 ans, la mission des Nations Unies au Libéria a joué un rôle essentiel en facilitant l’aboutissement du processus de paix et en aidant le pays à renforcer ses principales institutions. La mission s’est terminée en mars, en espérant que ces institutions seront en mesure de soutenir la croissance démocratique et le développement socio-économique.

D’après les analystes, une telle approche a pour avantage de rendre l’ONU plus efficace dans la prévention des conflits et de lui permettre, lorsqu’elle intervient en cas de conflit, d’être mieux préparée et informée du moment le plus opportun pour un retrait. Ceci pourrait renforcer les relations entre l’ONU et l’Afrique.   

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