Monzir Mohammed, Défenseur de la jeunesse de l’UNICEF, est originaire de la région soudanaise du Nil-Bleu, qui partage une frontière avec l’Éthiopie et avec le Soudan du Sud. La région a été gravement touchée par les changements climatiques et est considérée comme l’une des zones du Soudan en proie à un réchauffement rapide. 

« Le message que je souhaite envoyer au monde entier est de cultiver la paix entre nous afin de protéger la planète du danger à venir, et de se protéger contre la pollution de l’environnement et les catastrophes naturelles qui pourraient se produire à l’avenir », déclare Monzir, qui vit à Damazin, la capitale du Nil-Bleu.

 

 
 

Les changements climatiques ont aggravé la fréquence et l’intensité des catastrophes telles que les vagues de chaleur, les sécheresses et les inondations, et ont entraîné une pénurie d’eau et une dégradation de l’environnement dans le Nil-Bleu. Les températures de l’air dans la région ont augmenté de 1 °C chaque année depuis les années 70. 

Les précipitations ont diminué au cours des trente dernières années et sont devenues plus irrégulières. Les eaux souterraines, qui constituent une source d’eau potable et sont essentielles pour les systèmes d’assainissement, l’agriculture, l’industrie et les écosystèmes, s’épuisent dans de nombreuses zones de la région. 

Rien que cette année, de fortes pluies et des crues soudaines ont touché près de 350 000 personnes, détruisant et endommageant environ 50 000 habitations dans 16 des 18 États du Soudan. Les catastrophes aggravent les problèmes socioéconomiques du pays.  

« L’Afrique est menacée par les changements climatiques et environnementaux qui se traduisent par des inondations, la désertification, des problèmes d’insécurité alimentaire et d’autres problématiques. Il faudrait donc organiser des réunions et des conférences dans ces pays afin que les gens pensent à résoudre les problèmes avant qu’ils ne surviennent », explique M. Monzir.

Cette année, la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques se tiendra en Égypte, le quatrième pays africain à accueillir le plus grand rassemblement annuel du monde sur l’action climatique. La Conférence visera à apporter des solutions à toute une série de questions, allant de la réduction des émissions de gaz à effet de serre au financement de l’action climatique, en passant par l’aide aux pays comme le Soudan pour renforcer leur capacités de résistance et d’adaptation aux effets des changements climatiques. 

« Je demande aux décideurs de fournir un appui financier et technique, et de soutenir les projets qui mettent en avant l’utilisation des énergies renouvelables afin de préserver le climat et l’environnement », déclare M. Monzir, qui croit au pouvoir de l’innovation et des énergies renouvelables, ainsi qu’à l’autonomisation des jeunes, en particulier dans les communautés vulnérables face aux changements climatiques.

En 2019, Monzir et ses amis ont créé un groupe qu’ils ont baptisé Future Generations et ont construit la première voiture à énergie solaire du Soudan, en employant uniquement des matériaux locaux. Ils avaient besoin d’un moyen fiable pour aider les enfants et les jeunes à se rendre à l’école, car il fallait environ une heure à Monzir et aux autres élèves pour s’y rendre à pied tous les jours. Ils étaient déterminés à trouver un moyen efficace de protéger l’environnement contre les changements climatiques et la pollution. 

« Ce groupe a été fondé car notre société est en proie à des problèmes liés à l’environnement et au climat ; nous sommes en effet confrontés à une crise du carburant dans notre vie de tous les jours, ce qui nous plonge dans d’énormes difficultés. Par exemple, nous rencontrions des difficultés pour nous rendre à l’école ; l’idée nous est donc venue d’inventer une voiture solaire », ajoute-il. 

À l’instar d’autres pays, le Soudan dispose d'un immense potentiel pour les énergies renouvelables, grâce à un accès à une énergie hydraulique abondante, et à une vitesse du vent et à un rayonnement solaire élevés. Dans un pays comme le Soudan, où 60 % de la population n’a pas accès à l’électricité, les énergies renouvelables constituent une solution clé pour relever les défis liés au développement.

Future Generations s’engage d’autre part à donner aux jeunes les moyens de susciter des changements positifs dans leurs communautés. Aujourd’hui, la voiture qu’ils ont construite a été immatriculée et aide les gens à se rendre notamment à l’école et à l’hôpital pour bénéficier de services essentiels. Monzir souhaite créer à terme un espace d’innovation où les jeunes viendront puiser l’inspiration et pourront avoir accès à des ressources pour créer des produits respectueux de l’environnement. 

« J’invite la jeunesse soudanaise à défendre les énergies renouvelables, en particulier l’énergie solaire, et de se pencher sur des projets alimentés par l’énergie solaire pour préserver le climat », déclare Monzir.