Prise en compte des questions de genre dans la lutte contre le terrorisme

Le Comité contre le terrorisme tient une réunion publique d’information

Le Comité contre le terrorisme tient une réunion publique d’information sur la prise en compte des questions de genre dans la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent, le 1er novembre 2019. DECT/Vijai Singh

Le Conseil de sécurité, le Comité contre le terrorisme et la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme (DECT) encouragent activement et depuis longtemps la prise en compte des questions relatives aux femmes et à la paix et à la sécurité dans la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent. Pour bien tenir compte des questions de genre dans la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent, il est nécessaire de mettre l’accent sur : i) les femmes et les filles en tant que victimes du terrorisme ; ii) les femmes en tant que responsables, facilitatrices et soutiens d’actes de terrorisme ; iii) les femmes en tant qu’actrices de la prévention du terrorisme et de l’extrémisme violent et de la lutte contre ces phénomènes ; iv) les effets particuliers qu’ont les stratégies antiterroristes sur les femmes et les droits des femmes. Il importe également de mettre l’accent non seulement sur le rôle des femmes, mais également sur le rôle des hommes, les questions de masculinité et les inégalités structurelles de genre.

Les femmes et les filles sont particulièrement vulnérables en tant que victimes du terrorisme et ont donc des besoins de protection qui leur sont propres. Il s’agit notamment de sauvegarder les droits humains des femmes dans les situations de conflit, les contextes de déplacement et d’autres circonstances dans lesquelles elles subissent les effets de la violence extrémiste. À cet égard, l’accent est en particulier mis sur la violence sexuelle et fondée sur le genre ainsi que sur le lien qui existe entre ce phénomène et la traite dans le contexte du terrorisme, comme l’a souligné le Conseil de sécurité dans ses résolutions 2331 (2016) et 2388 (2017). Il importe de se rappeler que suivre une approche tenant compte des questions de genre suppose également de prendre en considération l’expérience des victimes masculines à cet égard.

Les femmes peuvent être des responsables, des facilitatrices ou des soutiens d’actes de terrorisme. Ce phénomène n’est certes pas nouveau, mais il fait l’objet d’une attention croissante dans le contexte des combattantes terroristes étrangères qui se rendent dans des zones de conflit puis retournent dans leur pays ou se réinstallent ailleurs. Les facteurs de la radicalisation des femmes demeurent peu étudiés – ce qui pose problème, car il est essentiel de les comprendre pour concevoir une réponse efficace. Une approche tenant compte des questions de genre doit également prendre en considération des notions telles que la masculinité et les stéréotypes de genre et leur rôle dans la mobilisation et le recrutement des hommes.

Il est de plus en plus reconnu que les femmes ont un rôle important à jouer dans la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent en ligne et hors ligne. Les femmes peuvent être des agentes d’alerte rapide et de déradicalisation dans leurs communautés et leurs familles. Elles ont également un rôle essentiel à jouer dans l’élaboration des politiques, dans le secteur de la sécurité et dans les services de répression. Leur inclusion dans la prestation des services de sécurité n’est pas seulement importante pour la promotion de l’égalité des genres, mais elle accroît aussi, souvent, l’efficacité des efforts de répression. Les femmes contribuent à diversifier les perspectives et l’expertise qui éclairent les politiques et les interventions. Elles peuvent également mobiliser un plus large éventail de parties prenantes et pénétrer des espaces qui peuvent être restreints par des sensibilités culturelles et religieuses. Améliorer la participation des femmes à l’application de la loi peut aider à accroître l’efficacité de l’alerte rapide, à mieux déceler les menaces et à renforcer les initiatives de mobilisation des populations.

Comme énoncé dans la résolution 2242 (2015) du Conseil, il importe d’évaluer les effets particuliers que les stratégies de lutte antiterroriste ont sur les femmes et leurs droits humains. Les femmes peuvent être touchées différemment par certaines politiques et pratiques antiterroristes (par exemple, des études montrent que les lois sur le financement du terrorisme ne touchent pas les femmes de la même façon que les hommes dans les endroits où celles-ci doivent compter sur des systèmes informels de transfert de fonds parce que leur accès au secteur bancaire formel est limité).

Conformément aux résolutions 2242 (2015) et 2395 (2017), la DECT continue de mettre davantage l’accent sur les dimensions de genre des efforts qu’elle déploie pour aider les États Membres à lutter contre le terrorisme, notamment en ce qui concerne la prévention, l’interdiction et les interventions, les poursuites, la réadaptation et la réintégration. Elle continue de tenir compte des questions de genre dans ses interactions avec les gouvernements et la société civile, notamment en s’enquérant de la manière dont les États collaborent avec les femmes et les filles s’agissant de certains aspects de l’application des résolutions 1373 (2001), 1624 (2005) et 2178 (2014) du Conseil, ainsi que des bonnes pratiques et des besoins d’assistance technique, sachant que les femmes et les filles peuvent apporter un large éventail de points de vue, de compétences et de données d’expérience. Elle tient également compte des questions de genre dans les activités d’évaluation des pays qu’elle mène au nom du Comité. À cet effet, elle fait participer ONU-Femmes aux équipes d’évaluation dans certains cas. Par ailleurs, elle copréside le Groupe de travail sur l’adoption d’une démarche tenant compte des questions de genre dans la prévention et la répression du terrorisme, qui relève du Pacte mondial de coordination contre le terrorisme.

La DECT préside également, avec le Bureau d’ONU-Femmes pour les États arabes, le Groupe d’experts sur les femmes et la prévention et la répression de l’extrémisme violent en Afrique du Nord, qui réunit des expert(e)s de la société civile, des universitaires et des représentant(e)s des pouvoirs publics travaillant sur les questions de genre et de lutte contre l’extrémisme violent dans les cinq États de la région (Algérie, Égypte, Libye, Maroc et Tunisie).

 

Réunions publiques d’information du Comité contre le terrorisme 

 

Le 9 septembre 2015, dans la perspective de l’adoption de la résolution 2242 (2015) du Conseil, le Comité a tenu sa première réunion publique d’information sur le rôle des femmes dans la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent.

Le 1er novembre 2019, le Comité a tenu une réunion publique d’information sur la prise en compte des questions de genre dans la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent. Parmi les intervenant(e)s figuraient des représentant(e)s des organismes des Nations Unies, des chercheur(euse)s et des membres de la société civile. La réunion s’est tenue en marge du débat public annuel du Conseil de sécurité sur les femmes et la paix et la sécurité.