Comprendre les discours de haine

 

Qu'entend-on par « discours de haine »

Dans le langage courant, le « discours de haine » désigne un discours injurieux visant un groupe ou un individu sur la base de caractéristiques intrinsèques (telles que la race, la religion ou le genre) et pouvant menacer la paix sociale.

Afin de fournir un cadre unifié permettant aux Nations Unies de traiter ce problème à l’échelle mondiale, la Stratégie et le Plan d’action des Nations Unies pour la lutte contre les discours de haine définissent le discours de haine comme : «tout type de communication, orale ou écrite, ou de comportement, constituant une atteinte ou utilisant un langage péjoratif ou discriminatoire à l’égard d’une personne ou d’un groupe en raison de leur identité, en d’autres termes, de l’appartenance religieuse, de l’origine ethnique, de la nationalité, de la race, de la couleur de peau, de l’ascendance, du genre ou d’autres facteurs constitutifs de l’identité ».

Il n’existe toutefois pas de définition universelle du discours de haine consacrée par le droit international relatif aux droits humains. Ce concept est encore largement contesté, notamment en ce qui concerne la liberté d’opinion et d’expression, la non-discrimination et l’égalité.

Bien que la définition ci-dessus ne soit pas une définition juridique et qu’elle soit plus large que l’« incitation à la discrimination, à l’hostilité ou à la violence », qui est interdite par le droit international relatif aux droits humains, elle comprend trois caractéristiques importantes :

Les discours de haine peuvent être véhiculés par toute forme d’expression, notamment des images, des caricatures, des mèmes, des objects, des gestes et symboles et ils peuvent être diffusés hors ligne ou en ligne.

Les discours de haine sont « discriminatoires » (biaisés, fanatiques ou intolérants) ou « péjoratifs » (préjudiciables, méprisants ou dévalorisants) à l’égard d’un individu ou d’un groupe.

Les discours de haine s’attaquent aux « facteurs d’identité » réels ou ressentis d’un individu ou d’un groupe, notamment : « l’appartenance religieuse, l’origine ethnique, la nationalité, la race, la couleur de peau, l’ascendance, le genre » mais aussi des caractéristiques telles que la langue, l’origine économique ou sociale, le handicap, l’état de santé ou l’orientation sexuelle, parmi bien d’autres caractéristiques.

Il est important de noter que les discours de haine ne peuvent être dirigés qu’à l’encontre d’individus ou de groupes d’individus. Ils ne comprennent pas les communications portant sur les États et leurs bureaux, les symboles, les fonctionnaires, les chefs religieux ou les principes de la foi.

Les enjeux liés aux discours de haine en ligne

Nous devons affronter le fanatisme en luttant contre la haine qui se répand comme une traînée de poudre sur Internet.”

ANTÓNIO GUTERRES
Portrait du Secrétaire général
 

Les fausses informations se propagent plus rapidement lorsque nous sommes contrariés. Faites une pause et #TakeCareBeforeYouShare.

Hate Speech reminder

La multiplication des contenus haineux en ligne s’est accompagnée d’un essor de la désinformation facilement partageable grâce aux outils numériques. Cette situation donne lieu à des défis sans précédent pour nos sociétés, alors que les gouvernements peinent à faire respecter les lois nationales à l’échelle et à la vitesse du monde virtuel.

À la différence des médias traditionnels, les discours de haine en ligne peuvent être produits et partagés facilement, à faible coût et de manière anonyme. Ils peuvent atteindre un public mondial et varié en temps réel. La permanence relative des contenus haineux en ligne est également problématique, car ces contenus peuvent refaire surface et (re)gagner en popularité au fil du temps.

Il est essentiel de comprendre et de surveiller les discours haineux dans les différentes communautés en ligne et sur les plateformes en ligne pour apporter de nouvelles solutions. Mais les efforts sont souvent freinés par l’ampleur du phénomène, les limites technologiques des systèmes de surveillance automatisés et le manque de transparence des entreprises en ligne.

Dans le même temps, les algorithmes des entreprises en ligne ont contribué à l’instrumentalisation croissante des médias sociaux au service de la diffusion de récits haineux et conflictuels. Ce phénomène a intensifié la stigmatisation des communautés vulnérables et a révélé la fragilité de nos démocraties aux yeux du monde. Un examen minutieux des acteurs d’Internet a été entrepris et des questions se sont posées sur le rôle et la responsabilité de ces derniers dans les dommages causés dans le monde réel. En conséquence, certains États ont commencé à tenir les entreprises d’internet pour responsables de la modération et de la suppression des contenus considérés comme contraires à la loi, suscitant des inquiétudes relatives aux limitations de la liberté d’expression et à la censure.

Malgré ces difficultés, les Nations Unies et de nombreux autres acteurs cherchent des moyens de lutter contre les discours de haine, notamment en prenant des initiatives pour promouvoir une meilleure connaissance des médias et de l’information parmi les internautes, tout en garantissant le droit à la liberté d’expression.