Comprendre les discours de haine

Questions connexes : FAQ

Consacré par l’article 19 de la Déclaration universelle des droits de l’homme,, le droit à la liberté d’opinion et d’expression implique « le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considération de frontières, les informations et les idées par quelque moyen d’expression que ce soit ». Ce droit fondamental est protégé par plusieurs traités internationaux et régionaux relatifs aux droits humains..

Selon le site de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO),, la mésinformation désigne une information fausse mais sans intention de nuire, telle qu’une erreur dans la légende d’une photo. La désinformation est une information fausse et délibérément créée pour nuire à une personne, un groupe social, une organisation ou un pays. Les exemples de désinformation comprennent les contenus fabriqués ou manipulés, tels que les théories du complot ou les rumeurs nuisibles.

La mal information désigne spécifiquement une information basée sur la réalité, mais diffusée pour infliger un préjudice à une personne, un groupe social, une organisation ou un pays, comme la révélation de l’orientation sexuelle d’une personne dans le but de nuire à sa réputation et sans aucune justification d’intérêt public.

Comme l'a noté, l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la flambée de la pandémie de COVID-19 s’est accompagnée d’une « infodémie massive », c’est- à-dire « une surabondance d’informations (certaines exactes, d’autres non) qui fait que les gens ont du mal à trouver des sources dignes de confiance et des conseils fiables quand ils en ont besoin ». Une infodémie est décrite comme « la propagation rapide d’informations de toutes sortes, y compris les rumeurs, les commérages et les informations non fiables » qui génère « la confusion, l’anxiété et même la panique en période de graves épidémies infectieuses ». Sa diffusion mondiale est amplifiée par l’utilisation des médias numériques et traditionnels.

Dans ce contexte, l’UNESCO a créé le terme spécifique de « désinfodémie » pour décrire les « contrevérités délibérées qui alimentent la pandémie » et leur « charge virale de désinformation potentiellement mortelle ». Une désinfodémie est particulièrement dangereuse car elle peut provoquer une réticence générale de la population à adopter des mesures de santé publique et ainsi retarder les interventions essentielles.

La cyberintimidation ou le cyberharcèlement implique une intimidation par le biais des technologies numériques. Elle peut avoir lieu sur les médias sociaux, les plateformes de messagerie, les plateformes de jeux et les téléphones portables. Il s’agit d’un comportement répété visant à effrayer, mettre en colère ou faire honte aux personnes visées. Parmi les nombreuses autres formes de violence en ligne, la cyberintimidation peut comprendre des discours de haine en ligne, lorsque l’abus fait référence à des facteurs d’identité réels ou ressentis (tels que l’appartenance religieuse, l’origine ethnique, la nationalité, la race, la couleur de peau, l’ascendance, le genre) de l’individu ou du groupe ciblé. Le cyberharcèlement peut inciter à l’automutilation et même au suicide.

S’il n’existe pas de consensus sur les discours de haine, la notion d'incitation à la haine est bien établie dans le droit international relatif aux droits humains. L’article 20, paragraphe 2 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP) dispose que « tout appel à la haine nationale, raciale ou religieuse qui constitue une incitation à la discrimination, à l’hostilité ou à la violence est interdit par la loi ». En tant que telle, l’« incitation » fait référence à des déclarations concernant des groupes nationaux, raciaux ou religieux et créant un risque imminent de discrimination, d’hostilité ou de violence à l’encontre de personnes appartenant à ces groupes. Dans la définition du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, le terme « appel » implique l’intention de promouvoir publiquement la haine envers les groupes cibles. Comme indiqué dans la Stratégie et le plan d’action des Nations Unies pour la lutte contre les discours de haine, « l’incitation est une forme discursive particulièrement dangereuse, car elle vise explicitement et délibérément à provoquer des actes de discrimination, d’hostilité ou de violence, et peut également

Selon le Cadre d’analyse des atrocités criminelles, l’expression « atrocités criminelles » désigne trois crimes internationaux définis juridiquement : le génocide, les crimes contre l'humanité et les crimes de guerre.

En 2005, les États membres des Nations Unies se sont engagés à protéger les populations contre le génocide, les crimes de guerre, le nettoyage ethnique et les crimes contre l’humanité, selon un principe appelé « responsabilité de protéger ». Le terme « atrocités criminelles » a depuis été étendue pour inclure le nettoyage ethnique. Bien qu’il ne soit pas défini comme un crime indépendant en droit international, le nettoyage ethnique implique de graves violations des droits humains et humanitaire internationaux qui peuvent elles-mêmes constituer l’une des trois atrocités criminelles reconnues, notamment les crimes contre l’humanité.

Les atrocités criminelles sont considérées comme les crimes les plus graves perpétrés contre l’humanité. Leur statut de crimes internationaux est fondé sur la conviction que ces actes portent atteinte à la dignité fondamentale des êtres humains.

Si les réponses juridiques sont importantes, la législation limitant la liberté d’expression n’est qu’un des nombreux moyens de prévenir et d’atténuer l’incidence des discours de haine sur nos sociétés. Les politiques soutenant l’utilisation productive de la liberté d’expression peuvent renforcer le pouvoir de « l’unité dans la diversité ». Elles peuvent établir les fondements d’une société cohésive et contribuer à la lutte contre la haine.

Le contre-discours fait référence aux efforts visant à répondre aux discours de haine par des contre- récits positifs, au lieu de limiter la liberté d’expression. Dans le droit-fil du soutien des Nations Unies à l’idée selon laquelle « la lutte contre les discours de haine doit encourager l’expression, et non la dissuader », la production et la promotion de contre-messages et de récits alternatifs constituent l’un des domaines d’intervention de l’Organisation afin de prévenir et de répondre à la rhétorique de la haine. Les États sont donc encouragés à contrer les discours de haine par des messages positifs d’inclusion, à promouvoir l’utilisation de discours positifs et alternatifs comme moyen de prévenir et de répondre à l’incitation à la violence qui pourrait conduire à des atrocités criminelles.

L’éducation aux médias et à l’information fait référence à un ensemble de compétences qui permettent aux gens de s’engager de manière significative dans les canaux d’information et les médias. Il peut s’agir d’interpréter et de porter des jugements éclairés en tant qu’utilisateurs de sources d’information, ou de devenir des producteurs d’information à part entière. Dans un monde numérique, l’éducation aux médias et à l’information exige des personnes qu’elles possèdent les compétences nécessaires pour utiliser les technologies de l’information et de la communication, notamment les médias numériques, et leurs applications pour accéder à l’information ou la créer.

Ce type d’éducation permet aux citoyens de comprendre le rôle des médias et des autres fournisseurs d’informations, d’évaluer le contenu de manière critique et de prendre des décisions éclairées en tant qu’utilisateurs et producteurs. En tant que telle, l’éducation aux médias et à l’information est essentielle à la liberté d’expression et d’information. Elle peut permettre à chaque personne de chercher, recevoir et communiquer des informations.

q