Société civile

Réunion de responsables religieux à Amman (Jordanie).
Photo : Bureau de la prévention du génocide et de la responsabilité de protéger

En droit, la responsabilité de prévenir les atrocités criminelles incombe aux États. Pour s’acquitter de leur devoir, il leur faut toutefois établir un partenariat avec la société civile. Les organisations de la société civile nationales et internationales sont particulièrement bien placées pour plaider pour la mise en œuvre de la responsabilité de protéger et pour rallier les soutiens et les énergies en faveur de l’application du principe. Ainsi, elles peuvent contribuer pour beaucoup à transformer les engagements en actes sur le terrain. Pour cela, elles disposent d’une série de moyens de prévention et d’intervention face aux crimes et violations visés par le principe de la responsabilité de protéger.

Les organisations de la société civile peuvent travailler avec les pouvoirs publics pour mieux faire connaître et comprendre ce principe et pour renforcer les capacités locales, régionales et internationales de protection des populations menacées. En particulier, elles peuvent participer à l’élaboration de stratégies et de dispositifs de prévention des atrocités à long terme au niveau national ou local. L’engagement public des États à l’égard de la responsabilité de protéger leur donne également de solides points d’appui pour demander des comptes aux États et à la communauté internationale lorsqu’ils n’assurent manifestement pas la protection des populations contre les atrocités criminelles.

En outre, les organisations de la société civile nationales peuvent jouer un rôle important d’alerte rapide sur le terrain, notamment du fait que les nouvelles technologies permettent de relayer des informations en direct. Ces informations en provenance directe du terrain ont été utilisées pour inciter les États et les organisations internationales à agir. Dans d’autres cas, les organisations de la société civile ont aidé les collectivités à s’organiser au niveau local pour recourir à des stratégies non violentes afin de prévenir la violence ou de se protéger de la violence là où les États et la communauté internationale n’ont pas la volonté ou sont dans l’incapacité de les protéger. Elles ont également mené des campagnes de sensibilisation adaptées auprès d’acteurs précis, tels que les médias, les chefs religieux et les dirigeants locaux, sur leur rôle dans la réduction des risques d’atrocités. Consulter la liste de certains des partenaires du Bureau travaillant sur ces questions.

Les sociétés et entreprises privées nationales et internationales peuvent également jouer un rôle crucial dans la mise en œuvre du principe de la responsabilité de protéger. Il y a des raisons morales de le faire, mais aussi des incitations économiques réelles, et d’assumer ainsi une plus grande responsabilité sociale, qui dépasse la simple recherche du profit.

Au lieu de rendre des atrocités possibles par des liens commerciaux donnant les moyens et la possibilité aux États qui manquent à leur devoir de protection de leurs populations et qui pourraient commettre des atrocités criminelles, les entreprises privées devraient refuser de faire affaire avec ces États. Elles peuvent également contribuer à renforcer les économies locales et à accroître la résilience de la société en apportant des fonds, en fournissant des emplois et en créant de la richesse, ce qui peut avoir un effet positif et stabilisateur sur les sociétés à risque. En élargissant les perspectives économiques, les entreprises participent à la prévention socioéconomique structurelle. Elles devraient également appliquer des politiques de non-discrimination dans toutes leurs activités et veiller à ce que la main-d’œuvre représente tous les groupes sociaux, contribuant ainsi à réduire les disparités sociales.